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La Compagnie Komusin entre danse, musique live et art vidéo

Hélène Baldassin

Cette année, l’Art s’invite décidément au CSE Michelin. Après la peintre Anne-Marie Rognon et son œuvre monumentale dans l’espace expo, c’est au tour de la Cie Komusin d’entrer en résidence dans nos locaux. Ainsi, du 14 au 17/09, vous pourrez voir évoluer la troupe dans ses répétitions pour une représentation finale le 18/09. L’artiste Eun Young Lee, danseuse et chorégraphe vous en dit plus.

Bonjour Eun Young Lee, vous avez créé la compagnie Komusin en 2009. Quel est l’origine du nom Komusin ?

En coréen, KOMUSIN désigne une paire de chaussures traditionnelles du début du XXe siècle. Sorte de mocassins en cuir, elles incarnent la modernisation du pays et son ouverture à la culture occidentale. A l’image du travail de la compagnie Komusin, les chemins de l’Orient et de l’Occident s’y rejoignent pour donner naissance à ses créations.

On ne choisit pas ses chaussures au hasard, elles reflètent l’état d’âme et la personnalité de celui qui les porte. C’est avec les gomusin que la chorégraphe Eun Young Lee a décidé d’entreprendre sa quête spirituelle et sa recherche d’harmonie. Comme les hommes, les chaussures ont vécu, ont vu mille lieux, et elles ont aussi une histoire à raconter.

Se nourrir d’espaces intérieurs non dédiés au spectacle vivant pour créer la pièce Corps–Espace–Dialogue #3, est-ce revenir à l’essentiel de la danse, du mouvement et s’approprier l’espace ?

Les espaces non dédiés au spectacle nourrissent notre travail, ils représentent une nouvelle source d’inspiration. C’est effectivement un retour à l’essentiel car cela nous permet de montrer notre travail sans artifices mais aussi d’aller à la rencontre d’un nouveau public.

Corps–Espace–Dialogue est une création pluridisciplinaire au long court, entre danse, musique live et Art Vidéo. Elle a démarré à l’été 2019 avec un premier volet de trois courtes pièces conçues pour l’espace public (Corps-Espace-Dialogue #1, #2 et #3) et en 2020 Corps-Espace-Dialogue #4 Gong Gan (création hybride Danse - Musique live & Sculpture Vidéo), créée pour des espaces intérieurs non dédiés au spectacle vivant, des lieux atypiques et emblématiques du patrimoine architectural. 

Cette création a également sa place dans des théâtres. Corps-Espace-Dialogue#3 parle de la respiration. C’est un dialogue avec la spiritualité qui est mis en place, un travail sur la respiration, source de toute vie.

Cette pièce permet d’aller puiser au plus profond de chaque interprète ses propres forces intérieures.

Corps-Espace-Dialogue #4 Gong Gan a été conçu autour de la notion centrale de ligne intérieure. La ligne intérieure regroupe selon moi les éléments essentiels comme la présence, l'énergie, le poids afin que le corps soit connecté avec l’espace investi et l’instant présent.

Vous êtes en résidence d’artistes du 14 au 17/09 au CSE Michelin. Vous dites « chaque espace a un rôle et le corps est un moteur qui le fait vivre ». Comment allez-vous vous adapter à ce lieu loin des scènes de théâtre adaptées à la création de danse ?

Voici un texte qui explique l’intention du projet.

Comme vous pouvez le constater, il y a plusieurs pièces de différents types et durées qui ont été créées pour ce projet. Nous avons voulu varier les caractères des environnements pour que chaque pièce génère un rapport entre le corps et l’espace à chaque fois différent. Parfois, il a un lien direct comme les pièces pour les jardins et les places publiques et parfois il a un lien imaginaire et métaphorique comme Gong gan.

La pièce pour la respiration est encore d’un autre type, elle convoque en nous quelque chose de plus mystique et introspectif qui rend l’espace investi, calme et spirituel comme le serait une église. La respiration des danseurs remplit l’espace par le corps et par le son à travers une danse méditative, qui invite le spectateur à reconsidérer la fonctionnalité originelle du CSE Michelin en laissant, le temps d’un spectacle, libre cours à l’imaginaire.

Corps-Espace-Dialogue #3 et #4 Gong Gan sont proposés au CSE Michelin pour un moment de partage et de retrouvailles entre les artistes et les publics dans un espace commun. Le corps des artistes en répétitions dans cet espace ouvert sera le temps d’une résidence au centre de la vie du CSE Michelin et permettra de nouvelles rencontres.

Quelle place aura le public pendant la résidence ?

Le spectateur aura une place centrale d’observateur, de spectateur avec qui nous souhaitons dialoguer afin de connaître son ressenti et s'il le désire, nous faire des retours sur notre travail et nos créations.

Pour cette création, vous êtes accompagnée d’un musicien et d’une installation vidéo d’un duo d’artistes. Parlez-nous de vos compagnons de voyage.

Guillaume n’est pas qu’un musicien pour chaque création, il codirige également les projets de la compagnie avec moi depuis 2009. En revanche avec Pierre et Anne-Sophie, c'était la première fois qu’on travaillait ensemble, je les connaissais par leurs œuvres et j’avais de l'admiration pour leur travail.

Ces deux artistes sont tout comme Guillaume, très à l'écoute des autres et ont une excellente sensibilité par rapport à ma proposition de la Ligne intérieure et surtout, humainement ils sont humbles et simples à mon sens.

Anne-Sophie est une artiste plasticienne, travaillant sur la question de la mémoire qui habite l'ensemble de son œuvre. Elle la représente à travers des images qu'elle assemble dans une marquèterie visuelle qui transcende une vision vibrante du monde. L’art d’Anne-Sophie Emard s’est toujours situé aux croisées du cinéma, de la photographie et de la peinture, ce qui n’est pas très étonnant en définitive lorsqu’on sait de quelle manière ces genres se sont toujours alimentés mutuellement, croisant leurs héritages et échangeant leurs techniques.

Pierre a eu un parcours authentique, nourri par l'univers du spectacle en passant tour à tour par chargé de production, régisseur son, régisseur plateau, régisseur général, éclairagiste et vidéaste. Donc il utilise l'ensemble de ses compétences pour créer des scénographies singulières dans le monde du théâtre, de la danse, du lyrisme, de la musique et des installations contemporaines. Attentif à l'énergie qui émane des rencontres, il croit en la magie des œuvres plurielles.

Guillaume Mazard, vous êtes musicien et compositeur. Comment s’articule votre travail avec celui d’Eun Young Lee ? 

Je travaille avec Eun Young Lee depuis la création de la compagnie en 2009. Mes compositions se créent en parallèle de la chorégraphie. Pour chaque création, nous discutons ensemble des thèmes à aborder, des envies d’Eun Young Lee en termes de sonorités et d’esthétiques musicales.

J’aime expérimenter pendant le processus de création et j’introduis des instruments différents au fil des nouveaux spectacles (guitares, basse, mandoline, synthétiseurs, percussions, électronique…). Pendant les résidences de créations, nous cherchons ensemble, improvisons, puis l’écriture musicale et chorégraphique se dessine et devient évidente.

J’interprète ensuite en solo la musique en live pour les tournées, ce qui rend à mon sens, l'interaction entre la danse et la musique plus vivante. Nos projets artistiques sont pluridisciplinaires et intègre également des créations vidéo sur lesquelles j’interviens. J’aime ce travail en lien avec l’image, avec l’instant présent et l'énergie des danseurs. Ensemble, nous proposons notre univers artistique au public en l’invitant à libérer son imaginaire et partager ensemble nos émotions.

Samedi 18 septembre, vous présenterez à nos adhérents Corps-Espaces-Dialogue#3 Respiration et #4 Gong Gan. Pouvez-vous nous confier les prémices de cette création ? Peut-être nous la décrire en trois mots ?

Notre corps est un moyen d’expression fondamentale qui dévoile ce que nous pensons et ressentons à l'intérieur de nous-même. Ce sont ces émotions que nous souhaitons partager. Les prémices de cette création sont l’envie d’aller à la rencontre de nouveaux publics et d’investir des lieux inédits, en sortant de notre zone de confort que représente le plateau d’un théâtre. La description en trois mots est bien sûr “Corps-Espace-Dialogue” !

Spot Magazine no 15Cultiver l'essentiel

Représentant légal :
Patrick Bernard

Directeur de la publication :
Lillian Nobilet

Rédactrice en chef :
Annick Boubon

Auteur·e·s :
Maxence Cordonnier, Lillian Nobilet, Cindy Brun, Hélène Baldassin, Jean-Claude Rigal, Annick Boubon, Lucie Jolivel, Caroline Mitlas, Cindy Brun & Odile Duplessy, Patrick BERNARD

Abonnement :
CSE Michelin – 8 rue Jacques Magnier 63000 Clermont-Ferrand – Périodique gratuit (sauf frais d’affranchissement)

Crédits photos :
CSE Michelin – © anne-marie.rognon – © Zach Mitlas – Shutterstock.