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Baptiste, la relève communautaire

Jean-Claude Rigal

D’où viens-tu Baptiste ?

Je suis né d’une mère aveyronnaise et d’un père parisien, tous deux chefs de groupe chez les scouts. J’ai grandi en banlieue, j’y ai fait ma scolarité puis mes études d’archi. J’ai travaillé une dizaine d’années en région parisienne et vécu deux ans au Brésil. J’ai trente-huit ans.

Quel type d’architecture as-tu choisi de pratiquer ?

J’ai participé au sein d’une association à la mise en œuvre d’un urbanisme de transition, principalement dans des quartiers défavorisés, des friches industrielles… Le réemploi de matériaux (la ville se déconstruit et se reconstruit en permanence) et la concertation avec les habitants étaient au cœur de nos projets, commandités par des collectivités locales et territoriales. Nous avons également créé un festival d’architecture expérimentale qui s’est bien implanté (plus de mille intervenants) avant de s’exporter à l’étranger. Nous avons pu ainsi voyager en Chine, au Chili, au Danemark, en Italie… nos vacances.

Qu’est-ce qui t’a incité à aller voir ailleurs ?

Pas mal de projets arrivaient à un point clé de leur évolution, détournés de leur finalité première par de nouveaux acteurs de terrain attirés par les résultats obtenus mais guidés par des objectifs différents ou mercantiles. Quand ce n’était pas l’arrivée du village olympique qui mettait un terme au travail entrepris depuis des années sur le quartier… Trop de boulot et pas assez de temps pour souffler, envie de retrouver plus de cohérence dans mon travail et d’exploiter de nouvelles matières…

Comment t’es-tu retrouvé dans ce petit bourg du Livradois ?

C’est un concours de circonstances. Un de nos collaborateurs habitait dans le coin et on avait l’habitude de s’arrêter chez lui au passage. Et de fil en aiguille, on est tombé sur cette vieille maison, pleine de petites pièces, avec un atelier et des machines encore en état. Nous l’avons achetée à plusieurs, 16000 euros, (plus 30000 de matériaux et 6 mois de travail à mi-temps pour refaire le haut des murs et la toiture) et nous y vivons ensemble. Mes colocs sont aussi de la partie : architectes, charpentier, designeuse… L’atelier est un peu juste pour nous tous, sinon ça va.

Qu’est-ce qui te plait à la campagne ?

Je suis venu pour me recentrer, me reconnecter avec la nature et avec mon corps. Assis sur le toit pendant les travaux, j’ai adoré ce moment où j’entendais à nouveau les martinets de mon enfance, quand j’ouvrais le vélux de ma chambre au chant des oiseaux et à l’air frais du petit matin. J’étais de retour chez moi… J’aime marcher dans la nature, créer des liens, faire travailler les producteurs locaux…

Tu regrettes quelque chose de ta vie d’avant ?

Les copains me manquent. Le théâtre, le cinéma aussi, mais avec tout ce temps de confinement, je n’aurais pas été mieux servi en ville.

Comment ça va côté boulot ?

Il y a beaucoup à faire, que ce soit à titre individuel ou avec notre association Rural Combo, qui mixe les compétences pour plus d’efficacité. Nous avons remporté pas mal d’appels d’offres qu’il nous faut maintenant honorer. 

De quel genre de projets s’agit-il ?

A Billom pour les trois ans à venir, notre rôle sera d’accompagner et de conseiller l’équipe gestionnaire dans l’ouverture et la gouvernance de l’ancien collège de jésuites restauré : comment utiliser 7000 m² de locaux mis à disposition de la collectivité ? Nous avons un autre projet de deux ans avec l’Eco pôle du Val d’Allier à Pérignat, dans cette ancienne carrière reconvertie en espace naturel partagé entre les espèces protégées et les baigneurs du week-end. Nous sommes également engagés sur place dans la fabrication de briques à partir d’argile locale.

As-tu un centre d’intérêt que l’on n’aurait pas évoqué ?

Je me suis découvert un faible pour la cordonnerie. Le père Noël m’a apporté une machine à piquer et j’ai bon espoir de me faire une paire de chaussures sur mesure, mais il faut d’abord tailler une forme pour chaque pied, je ne suis pas rendu !

Spot Magazine no 15Cultiver l'essentiel

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