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Par ici les bons plants !

Caroline Mitlas

C’est bientôt le moment de préparer le potager ! Savez-vous que vous pouvez faire vos propres plants ? Pour cela, il faut avant tout semer, et pour semer il faut des graines, et parmi ces dernières, entre variété population, F1 et OGM, il y a de quoi en perdre son latin… Pas de panique ! Afin de nous éclairer, je suis allée à la rencontre d’Emma Pique productrice de plants, qui a gentiment accepté de répondre à mes questions

laissez-moi vous présenter Emma…

Après plusieurs années en tant que salariée en maraîchage, Emma a décidé de sauter le pas et de s’installer pour produire et vendre des plants. C’est ainsi que « Les bons plants d’Emma » ont vu le jour en 2022. D’abord sur une petite surface à Nadaillat, et depuis peu sur près de 2000 m² à Saint-Amand Tallende. Autre corde à son arc, Emma confectionne d’aussi délicieux qu’atypiques sirops et confitures. Aussi, forte de son BTS en Gestion et protection de la nature, elle développe des animations nature à destination des familles : « On crée ainsi du lien dans la famille. Les adultes ont aussi plein de choses à apprendre et ont une vraie demande de reconnexion à la nature et à l’autonomie alimentaire. »

Maintenant que les présentations sont faites, passons au jeu des questions-réponses.

Tout d’abord, qu’est-ce que c’est faire un semis ?

Faire un semis, c’est prendre une graine et la mettre en terre pour qu’elle germe et fasse un plant. On trouve les graines en jardinerie, grandes surfaces ou grainetiers spécialisés. Il suffit ensuite de choisir en fonction du type de légumes ou de fleur voulus et puis de suivre les instructions indiquées sur le paquet !

Ça a l’air à ma portée, mais en termes de temporalité, quand sait-on si c’est le bon moment pour faire des semis ?

La majorité des semis se font en février/mars pour préparer le jardin de printemps. Cependant le calendrier de semis peut varier entre le calendrier-type et celui des maraîchers alternatifs qui expérimentent d’autres pratiques que celles apprises depuis le début du 20e siècle. Ils reprennent en effet d‘anciennes techniques ou encore s’adaptent au climat. Il faut souligner que ces expérimentations sont sérieuses et suivies pas des scientifiques de l’INRA notamment.

Parmi toutes les graines disponibles, comment s’y retrouver ?

Le paquet doit mentionner s’il s’agit de variété population ou d’hybrides F1. Les variétés population sont les anciennes variétés qui peuvent parfois avoir un rendement moins important. Elles ont cependant une grande variété génétique et on peut les ressemer à l’infini. Ce sont des graines qui développent une résistance aux diverses agressions.  Il y a eu aussi les lignées pures de variétés population : on a sélectionné les meilleurs individus et selon leurs caractères, on a fait des croisements. Au fil des générations les graines ont donc conservé ce caractère-là, jusqu’à devenir des individus identiques et même des clones. S’ensuit une pauvresse génétique et une adaptation moins aisée quant aux aléas.

Et les hybrides F1, qu’est-ce que c’est ?

Un hybride F1 c’est la première génération d’un croisement de lignée pure pour créer une plante très homogène et vigoureuse. C’est fait en laboratoire mais cela reste néanmoins un processus naturel. Cependant, comme c’est hybride la descendance est très instable. On peut ressemer, cela fera ou non des fruits, rien n’est sûr. Pour les hybrides F1, ce que l’on recherche c’est la productivité, la résistance (notamment au transport pour les tomates par exemple), le goût et la qualité nutritive ne sont pas importants.

Il faut souligner que pour certains F1, il y a parfois manipulation bio technologique (même en bio) pour rendre la plante stérile et ainsi chaque année il faut racheter des graines.

Et les OGM dans tout ça ?

Pour les OGM, il y a manipulation au niveau cellulaire avec un gène que l’on introduit dans la plante pour qu’elle réponde à un cahier des charges, qu’elle soit toujours identique, résistante. Ici, rien de naturel et d’ailleurs la loi française interdit la commercialisation des semences OGM.

Et toi, quelles graines utilises-tu ?

Je n’achète que des graines population pour faire mes plants. Cependant, comme je débute encore, je ne récupère pas mes graines pour faire mes semis. En revanche, avec mes plants mes clients peuvent faire leur plants l’année suivante !

Des conseils pour bien réussir à faire ses semences ?

Bien attendre que le plant soit à maturité, car quand le fruit est mature, c’est là qu’on récupère les graines. Puis, on filtre les graines si besoin (comme pour la tomate), on les rince, les nettoie et enfin on les fait sécher. On les conserve ensuite dans des sachets opaques car la lumière peut dénaturer la graine (une enveloppe peut très bien faire l’affaire). On note bien la date et la variété, et le tour est joué ! On peut faire ensuite ses plants ou encore des trocs de graines pour échanger et partager.

Merci encore à Emma pour cet éclairage et ses bons plants !

Spot Magazine no 24Aux jardins

Auteur·e·s :
Odile Duplessy, Morgane Ranzini, Caroline Mitlas, Lucie Jolivel, Lillian Nobilet, Hélène Baldassin, Annick Boubon, Patrick BERNARD