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En médiathèque aussi, on jardine ! On désherbe même !

Lucie Jolivel

En jardinage, le terme désherber signifie « éliminer les mauvaises herbes d’un terrain », mais alors quel rapport avec une bibliothèque ? Eh bien tout simplement : les murs d’une médiathèque ne sont pas extensibles, au grand dam des bibliothécaires ! Alors, pour avoir des rayons tout beaux avec des livres attrayants et surtout pour faire place aux nouveautés, il faut nettoyer : on enlève une « mauvaise herbe » pour laisser la place à un document plus vigoureux, plus récent, ou plus intéressant.

Le terme apparait dans les années 1940 aux Etats-Unis sous le nom « weeding ». En France, c’est seulement dans les années 1970, après l’ouverture de la BPI (Bibliothèque Publique d’Information) qu’un problème apparait. En effet, cette nouvelle bibliothèque ouverte en 1977 n’a pas de réserve ! Il faut donc nécessairement éliminer certains documents pour faire place aux nouvelles acquisitions.

Ainsi, le désherbage en bibliothèque consiste à retirer des rayonnages en magasin ou en libre-accès les documents qui ne peuvent plus être proposés au public. On parle également d’élimination, d’élagage, de retrait des documents, ou de révision, de réévaluation, de requalification des collections.

Mais le désherbage, ce n’est qu’une des étapes d’un plus grand processus : le circuit du document. Vous nous demandez parfois comment les médiathécaires les choisissent, pourquoi certains sont supprimés, chez qui les commandes sont passées...

1 - Le choix

Les documents sont choisis par les bibliothécaires en fonction de leurs qualités, de l'actualité, de vos suggestions et des possibilités budgétaires, le tout dans le respect de la politique documentaire.

2 - La commande

Toutes les commandes de livres et de jeux sont passées chez des libraires et des boutiques indépendantes de l'agglomération clermontoise.

3 - Le traitement

Une fois réceptionnés, les documents sont traités informatiquement (mots-clés, visuels...), équipés, plastifiés et mis à votre disposition dans les meilleurs délais possibles.

4 - La médiation

Les documents sont mis en valeur sur des tables de présentation, lors d'animations, en lien avec l'actualité. Des sélections sont mises en avant sur le site internet et bien sûr, les bibliothécaires sont là pour vous conseiller !

5 - l'emprunt

Par votre venue, vos choix et vos goûts, les documents sont heureux de sortir de leurs rayonnages et de vous apporter le bonheur de jouer, lire ou regarder...

6 - Le désherbage

Et enfin, lors d'un inventaire (aussi appelé récolement), un tri ou tout autre passage dans les mains d'une bibliothécaire, le document peut être amené à être retiré des rayons.

Mais alors quels sont les critères pour enlever un document des rayons ?

Ils sont variables selon une multitude de paramètres : le statut et les missions de l’établissement (lecture publique, vocation patrimoniale, bibliothèque universitaire…), les supports des documents à désherber (livres, cd, vidéos, revues, jeux…), les domaines du savoir concernés (les critères ne sont pas les mêmes pour des documents scientifiques, vite obsolètes, et des documents littéraires), la politique documentaire propre à l’établissement (priorités, actualité, exhaustivité ou non, spécialisation ou vulgarisation…).

Au sein de votre médiathèque-ludothèque c’est principalement l’obsolescence du document et son état physique qui vont compter, mais en fonction de la collection, un document n’est pas désherbé de la même manière. Pour illustrer, au rayon jeunesse, un document n’a pas le temps d’être trop vieux, il est souvent mordillé, crayonné ou déchiré bien avant ! Dans les guides touristiques, pour vous garantir une information juste, des livres sont enlevés tous les ans et remplacés par des éditions actualisées. Autre exemple, un document avec une information historique devenue obsolète sera également enlevé. Enfin, un roman jauni ou avec des tâches de café sera lui aussi écarté des rayonnages.

Et où vont tous ces documents après leur désherbage ? Et bien c’est comme au jardin : lorsque les feuilles mortes sont réutilisées pour faire du compost, dans la médiathèque-ludothèque de votre CSE, ils sont vendus en braderie permanente à 1 euro ou bien donnés à des associations afin de leur donner une seconde vie !

Spot Magazine no 24Aux jardins

Auteur·e·s :
Odile Duplessy, Morgane Ranzini, Caroline Mitlas, Lucie Jolivel, Lillian Nobilet, Hélène Baldassin, Annick Boubon, Patrick BERNARD