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Des jardins ouvriers aux jardins familiaux

Caroline Mitlas

La thématique de ce numéro est dédiée aux jardins et nous vous proposons dans ce dossier central d’en savoir plus sur quelques types de jardins. Qu’ils soient ouvriers, familiaux, partagés ou encore urbains : ils ont tous à l’origine une philosophie particulière que nous allons tenter de vous exposer humblement dans les pages qui suivent.

À vos grelinettes, l’odyssée commence…

Les jardins ouvriers voient le jour en 1896, en pleine Révolution Industrielle, sous l’impulsion de l’abbé Jules-Auguste Lemire alors député-maire chrétien d’Hazebrouck en Flandre française. C’est donc afin d’améliorer les conditions de vie des ouvriers qu’une parcelle dédiée au potager, est mise à disposition de ces derniers par la Ville.

Il fonde alors la Ligue française du Coin de Terre et du Foyer. Il s’agit là d’un engagement politique qui constitue une avancée tant pour les besoins alimentaires que sociaux des ouvriers : "S’ils permettent aux ouvriers d’échapper à leur taudis en profitant d’un air plus respirable, ils les éloignent aussi des cabarets et encouragent les activités familiales au sein de ces espaces verts".

Soulignons qu’avant Lemire, c’est Félicie Hervieu qui, la première, a créé des jardins ouvriers dirigés par des femmes à Sedan en 1893. Bien que proche de la démocratie chrétienne, Félicie n’était pas pour autant convaincue par la charité, lui préférant ainsi les innovations sociales permettant d’améliorer le quotidien des ouvriers.

En 1895, à Saint-Etienne, c’est au tour du Père Volpette de s’inspirer de Félicie Hervieu et de l’abbé Lemire en mettant en place des jardins ouvriers. Ces derniers finissent par fleurir sur l’ensemble du territoire.

Lors de la 1re Guerre Mondiale, ces jardins seront un remède efficace contre la pénurie alimentaire. Au cours de la 2de Guerre Mondiale, ils serviront aussi l’idéologie pétainiste avec notamment « les jardins du Maréchal ».

Soulignons également qu’à l’époque des grands patrons paternalistes, les jardins ouvriers sont aussi proposés avec la volonté d’encadrer les ouvriers en dehors de l’usine. Ainsi occupés au jardin, ils se tournent moins vers un parti ou un syndicat.

Au fil des ans, la composition des locataires de ces parcelles ayant changé, une nouvelle appellation est de rigueur et elles prendront la dénomination de jardins familiaux. Cette appellation fut celle officiellement adoptée le 26 juillet 1952 dans la loi destinée à codifier les normes relatives aux jardins familiaux. Cette même loi prévoyait également l'exonération de l'impôt foncier.

Aujourd'hui, ces jardins bénéficient d'un regain d'intérêt en contribuant à créer, à proximité des villes, des oasis de verdure. Ils répondent également aux préoccupations actuelles de produire localement des légumes et participent à créer du lien social.

Spot Magazine no 24Aux jardins

Auteur·e·s :
Odile Duplessy, Morgane Ranzini, Caroline Mitlas, Lucie Jolivel, Lillian Nobilet, Hélène Baldassin, Annick Boubon, Patrick BERNARD