Le Maroc et ses grandes femmes

Nous connaissons tous la ville de Marrakech aujourd’hui, et c’est d’ailleurs là que débute et se termine notre voyage à venir. Cité médiévale fortifiée, ancienne cité impériale, elle est désormais la « capitale » incontestée du tourisme au Maroc. Mais, qu’en est-il de l’histoire de sa création ?! Eh bien, c’est à une femme, Zaynab Nefzaouia que nous devons celle qui est surnommée « la ville rouge ». Née en 1039 et fille d’un riche marchand, elle se passionnait pour la politique. Très convoitée par les hommes, son ambition de s’unir à un sultan fut couronnée de succès puisqu’elle en épousa finalement 4. L’un d’entre eux, Youssef Ibn Tachfine construisit la ville de Marrakech selon les plans même de son épouse. Une femme d’une influence telle qu’on la surnommait « al-qa’ima bi mulkihi » soit « celle qui s’occupe du royaume de son mari ». Soulignons ici que ses capacités en matière de diplomatie ont influencé la situation de ses contemporaines et c’est grâce à elle qu’elles purent prendre part à la vie politique.

Avançons un peu dans l’Histoire jusqu’à l’époque de la piraterie pour évoquer cette femme née en 1485 et ayant marqué l’histoire de son temps. De mère andalouse, son père fonda la ville de Chefchaouen, la belle bleue, en 1471. Une ville fascinante à visiter, avec ses façades d’un bleu azuréen, ses venelles, ses jardins luxuriants… Sayyida al-Hurra, réputée pour sa beauté, sa culture et son intelligence régna pendant 30 ans sur la ville de Tétouan au Maroc.

Mais, elle est surtout connue pour ses actions auprès du fameux corsaire Barberousse, auquel elle s’allia pour venger l’exil forcé de sa famille du royaume de Grenade, dans son enfance. À la tête d’un vrai réseau de piraterie, elle protégea son royaume contre les Espagnols et les Portugais, avides de s’en emparer. Ses actions en mer permirent d’amasser une petite fortune grâce aux rançons demandées pour la libération de prisonniers. « Al Hourra », la femme libre, un surnom qui lui va comme un gant !

Après un nouveau bond dans l’Histoire, nous voici en 1936, naissance de Touria Chaoui à Fès. Encore une ville remarquable pour une femme qui l’est tout autant. Véritable perle impériale, entre le massif du Rif et le Moyen Atlas, Fès est riche de 1200 ans d’histoire et aujourd’hui l’une des destinations marocaines les plus courue. Dès son jeune âge, Touria Chaoui se présente comme une jeune fille brillante à l’école et c’est à 14 ans qu’elle débute sa formation dans le domaine de l’aviation. Un an plus tard, en 1951, elle devient officiellement la première femme pilote du Maroc et même plus, du monde arabe. Cette prouesse attire sur elle l’attention de la presse et de la famille royale marocaine. Malheureusement, cette gloire ne sera que de courte durée puisqu’elle sera assassinée à l’âge de 19 ans. Bien que le motif du meurtrier ne soit pas clairement défini, encore aujourd’hui, son implication dans l’amélioration de la situation des femmes et l’autodétermination du Maroc semble probable.

Le Maroc fut la terre de naissance de bien d’autres femmes dont le nom mériterait d’être connue comme Tin Hinan, la reine Touareg ou encore Kharboucha, l’esclave rebelle. Cependant, ce bref focus sur les 3 personnalités précédentes nous a également permis d’évoquer 3 cités du pays, toutes aussi admirables les unes que les autres.