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En radeau sur l’Allier

Caroline Mitlas

Il ne vous a peut-être pas échappé que parmi les nouveaux séjours colo 2022, il en est un qui propose aux jeunes de voguer sur l’Allier. Répondant parfaitement à notre thématique sur l’eau vive, nous avons demandé à l’organisateur de ce séjour, Jean-Paul VAN DYK de l’Aroéven, de nous en dévoiler un peu plus.

Bonjour Jean-Paul, pourriez-vous en quelques mots nous présenter l’Aroéven ainsi que vos missions au sein de cette organisation ?

«L’Aroéven Clermont Auvergne (Association Régionale des Œuvres Éducatives et de Vacances de l’Éducation Nationale) est une association d’éducation populaire active depuis 1952. Au sein de notre mouvement composé de vingt-trois Aroéven sur le territoire national, nous impulsons, coordonnons, gérons et animons des activités de recherche, de formation et de loisirs, à la fois en faveur des jeunes et des personnels d’encadrement. Même si nos projets sont aujourd’hui très variés (au sein de l’école et lors des temps de vacances), les actions historiques de notre association auvergnate telles que la pratique des activités de pleine nature définissent encore notre image. Si vous demandez à un clermontois comment il a connu l’Aroéven, il vous répondra très certainement qu’il a participé à des sorties ou des séjours ski étant plus jeune. 

Ma mission principale est de mettre en mouvement notre association afin de proposer des projets aux enfants et aux jeunes qui leur permettront de faire des découvertes, de s’ouvrir aux autres, de prendre confiance en eux et de s’épanouir. Cela se traduit par l’élaboration d’une offre de séjours de vacances en France et à l’étranger, par l’organisation de sorties à la journée, par l’animation d’un réseau d’animateur·trice·s et de directeur·trice·s et par la mise en œuvre d’un travail partenarial avec les familles, les collectivités, les CSE et les institutions. Le départ en séjour repose sur un contrat de confiance qui doit être partagé par tous les protagonistes.» 

Vous proposez cet été la colo « En radeau sur l’Allier » aux jeunes de 11 à 14 ans. Comment l’idée a-t-elle vu jour ?

«Ce séjour est né grâce à la rencontre avec un animateur professionnel passionné par son métier (Denis Marcelin) qui avait déjà une expérience similaire dans une autre région. L’idée de pouvoir proposer une itinérance en radeau en Auvergne nous a tout de suite séduits. Après quelques mois de repérage, de prises de contacts avec le domaine public fluvial pour avoir l’autorisation de naviguer, et avec les communes pour obtenir des lieux de bivouacs, nous avons proposé une première itinérance de 6 jours durant l’été 2017, sur un tronçon de l’Allier allant de Joze à Ris.»  

Selon vous, que recherchent les jeunes qui viennent sur ce séjour ?

«Ils partent d’abord en vacances pour vivre une aventure avec des copains. Ils se projettent sur la construction des radeaux (2 jours sont consacrés à la construction) avec le maniement du bois et des outils. Ensuite, il y a le plaisir de naviguer, d’être capitaine de son embarcation, de parcourir les étapes, d’arriver sur un site naturel et d’installer le camp. La découverte de la rivière et du camping peut aussi en attirer certains.»

Comment sont construits les radeaux ? Quelles sont les contraintes techniques ? Comment cela se passe avec les jeunes ? Est-ce l’occasion de créer une bonne cohésion de groupe ?

«Les radeaux sont construits à partir d’une base en chevrons et avec des bidons de récupération. L’habillage et les aménagements conçus par les jeunes sont réalisés à partir de palettes diverses et variées, toutes récupérées. Avec un outillage approprié et suffisamment en nombre, la contrainte est principalement organisationnelle. Cela nécessite l’installation d’espaces bien définis pour les différentes étapes : conception, démontage des palettes, découpes, assemblage des radeaux. Les deux jours de construction permettent aux jeunes d’imaginer et de tester différentes stratégies de construction et d’aménagements.  Un autre point important et le lieu de construction qui doit être à proximité de la rivière et avoir une berge adaptée. Une fois assemblée, le déplacement des radeaux est fastidieux. Lorsqu’elle est bien amenée et conduite, la construction collective participe grandement à la cohésion de groupe.» 

Le radeau est une embarcation collective, comment se passe la vie du groupe sur une telle embarcation ?

«Elle se passe au fil de l’eau, c’est à dire à un rythme assez lent, et cela produit des temps très contemplatifs pour certains. Ces temps sont aussi propices à des discussions sur des sujets divers et variés, des chants ou encore des blagues. Il faut nécessairement que le radeau soit dirigé en toute sécurité et cela demande de la coordination entre les membres de l’équipage. Il faut parfois intervenir pour que chacun fasse sa part et que le partage des efforts ait lieu, mais la plupart du temps, le groupe s’autorégule. Nous avons déjà vécu des temps ou un groupe navigue avec une parfaite maîtrise de l’embarcation, sans adulte à bord. La pratique du radeau est aussi très ludique.» 

C’est l’occasion de se focaliser sur la nature environnante, comment cela se passe ?

«Le temps passé sur la rivière est propice à des moments de silence et d’observation. Le regard n’est plus le même quand on a vécu 4 heures sur l’eau à 3 km/h ! Les pauses pique-niques sur les berges et les îles amènent à être curieux des galets, des dépôts d’argile, des plantes ou des oiseaux. Les temps de fin de journée autour des lieux de bivouac permettent parfois de pêcher, de cueillir des plantes sauvages comestibles et de faire des sorties nocturnes.»

Comment se passe le temps de vie quotidienne, en dehors de la navigation ?

«Sur ce type de séjour, la vie collective est une activité en soi. De fait, elle prend une place importante dans le déroulement du séjour. Les jeunes jouent un rôle essentiel pour le montage et le démontage du campement, la participation à la préparation des repas et pour la vaisselle. Ils sont concertés pour une partie des menus et peuvent donner des idées. Selon les étapes, il peut aussi y avoir le montage de toilettes sèches et des cabines pour les douches solaires. Ces étapes sont l’occasion d’apprendre à gérer l’utilisation de l’eau avec une prévision de 10 litres par personne pour une douche et 4 litres pour la toilette du matin.

Les étapes varient de 5 à 9 kilomètres, soit de 2 à 4 heures de navigation. Cela laisse aussi du temps pour que chaque enfant puisse s’aménager des moments plus calmes s’il le souhaite ou pour faire des jeux avec les copains.»  

Avec cette colo, les jeunes embarquent ainsi pour une aventure unique : une occasion de batir, de naviguer, d’observer… mais aussi de se construire en allant à sa propre rencontre et celle des autres. Merci encore à Jean-Paul pour sa disponibilité et sa gentillesse.

Spot Magazine no 18L’eau dans tous ses états

Auteur·e·s :
Lucie Jolivelle & Odile Duplessy, Caroline Mitlas, Hélène Baldassin, Lillian Nobilet, Lucie Jolivel, Annick Boubon, Patrick Bernard