Que le spectacle de la Compagnie Monique commence !
Hélène Baldassin
Monique est de retour, vous l’avez cherché dans un précédent Spot, aujourd’hui, elle vous ouvre les portes d’un théâtre où se produit une Compagnie qui vole, vrombit et danse tout au long des saisons !
Le spectacle du vivant que l’on va vous décrire ici c’est le spectacle d’une ruche où chaque abeille mellifère a un rôle précis à jouer, à chaque étape de sa vie, pour la survie de toute la colonie. Attention le rideau se lève !
Pour la distribution des rôles, le spectacle prend parfois des airs de tragédie grecque lorsque les rôles sont distribués...
Le 1er rôle dans la ruche revient à la reine puisqu’elle est la seule abeille fertile. La reine ne sort que très rarement de la ruche, elle jouit d’une longue vie qui peut atteindre plusieurs années : elle assure donc toutes les représentations.
La reine et les ouvrières partagent les mêmes gènes : ce qui les différencie, c’est que certaines larves sont nourries plus longtemps à la gelée royale, en faisant des reines potentielles. La première à éclore tue, ou fait fuir ses concurrentes.
Dans le second rôle, on retrouve le faux bourdon. Ce séducteur flâneur est accueilli au printemps et en été, il mène une vie plutôt oisive et se nourrit de miel jusqu’au vol nuptial. S’il féconde la reine, son appareil reproducteur est arraché et il meurt. S’il survit, à la fin de l'automne, lorsque les ressources extérieures se font rares, il sera expulsé de la ruche et mourra car incapable de se nourrir seul.
Les autres abeilles, ou figurantes essentielles de ce spectacle, seront ouvrières et pour elles pas question de batifoler ! L’ouvrière s’affaire dans la ruche et veille au bon déroulement du spectacle, elle jouera tour à tour différents rôles :
- De sa naissance au 6e jour de sa vie, l’abeille est “nettoyeuse”, elle garde la ruche propre et en bonne santé.
- Du 6e au 9e jour, elle sécrète de la gelée royale qui nourrit les larves et la reine, devenant de ce fait “nourrice”.
- Pendant les trois jours suivants, la “magasinière” récupère le nectar récolté par les butineuses à partir duquel le miel est produit.
- Du 11e au 15e jour, l’abeille devenue “bâtisseuse” produit de la cire et construit les alvéoles de la ruche.
- Au bout de 15 jours, elle devient “gardienne” pour protéger la ruche des prédateurs et des autres colonies d’abeilles.
- Enfin, à 3 semaines, il est temps pour elle de devenir “butineuse” ou “porteuse d’eau”, contribuant ainsi à l’approvisionnement de la ruche.
Mais ce n’est pas tout ! Les ouvrières, déjà si polyvalentes, sont aussi danseuses... La danse permet aux éclaireuses et butineuses de communiquer. C’est en dansant que les abeilles partagent des informations précieuses sur les lieux de butinage. Ainsi, avec une danse en rond on apprend que le lieu de butinage est proche de la ruche, une danse en faucille prévient que le butinage est éloigné, une danse frétillante indique la direction, la distance et la richesse des fleurs...
La ruche est la scène de ce spectacle, semblable à un gros cube depuis l’extérieur, l’intérieur se veut plus complexe. Le plancher constitue l’entrée de la ruche, le corps de la ruche en est l’élément principal car il contient le cœur de la colonie : le couvain (œufs, larves et nymphes), ainsi que le miel et le pollen, qui sont situés dans une dizaine de cadres. Ces cadres vides, fournissent le support sur lequel les abeilles construiront des alvéoles de cire. Lorsque l’espace vient à manquer, l’apiculteur installe une hausse de demi-cadre sur le corps de la ruche : c’est là que l’excédent de miel sera stocké par les abeilles et c’est uniquement ce miel qui sera récolté par l’apiculteur. Et il y a bien sûr un toit pour protéger ce joli théâtre du froid et de la chaleur.
Pour orchestrer ce show qui ne connait pas de tomber de rideau, l’apiculteur est en quelque sorte le metteur en scène. Il surveille ce théâtre vivant et travaille de manière raisonnable afin de ne pas nuire à la colonie des abeilles.
Enfin, ce spectacle fragile se confronte à diverses agressions tels que d’autres insectes, le changement climatique, les pesticides… N’oublions pas que les abeilles jouent un rôle essentiel dans notre écosystème via la pollinisation. Elles sont précieuses et ce magnifique spectacle du vivant qui se déroule là sous nos yeux mérite tant notre meilleure protection que nos plus beaux applaudissements !
Bzz bzz, Monique
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