Simply ne serait pas un projet de réduction d'effectifs mais...

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Services et solutions (SES): moins de services, la solution ?

Rappelons que SES (ex-Michelin Solution) est le service dédié en poids lourd Europe à une offre de services à l’usage (avec tarification au kilomètre parcouru ou au véhicule géré). Lors du CSE extraordinaire du 07 avril 2021, les élus du CSE avaient refusé de rendre un avis sur un projet à gros impact humain (suppression de tous les postes d’Opérateurs de Flottes) et présenté de manière floue. Le retour devant l’instance lors du CSE extraordinaire du 29 avril n’a pas levé les doutes, bien au contraire. La présentation du déploiement du projet dans le cadre de Simply a suscité la consternation de l’ensemble des élus.

Sur le plan stratégique, l’état des lieux initial réalisé au déclenchement de Simply était clair : dans un marché du paiement à l’usage en croissance, Michelin a perdu 20 % de cartes grises depuis 2018, avec une profitabilité des opérations inférieure à l’attendu. Et cela, malgré un engagement reconnu des équipes. Le domaine est pourtant considéré comme stratégique par l’entreprise.

Devant un tel constat, les élus s’attendaient à ce que le projet vise à renforcer les équipes pour reprendre des parts de marché.

Ce n’est pas du tout l’orientation choisie : l’entreprise choisit d’abandonner les 2 modèles de contrat (M1 & M2) dans lesquels la prestation de services au client est assurée par des Opérateurs de Flottes (ODF), salariés Michelin dédiés à chaque client dans une relation très appréciée par ces derniers.

Ces 2 modèles représentent actuellement 60 % du portefeuille d’affaires SES. A la place, il est prévu de déployer le modèle M3, dans lequel la relation et la prestation de services au quotidien ne sont plus assurées par des salariés Michelin, mais par des prestataires externes (Euromaster pouvant être l’un d’eux).

Cette stratégie vise à reprendre des cartes grises et à réduire de 10 % les coûts du modèle M3, en comptant sur le digital pour créer une valeur différenciante de celle apportée par une concurrence soutenue.

Les élus ont exprimé de gros doutes sur la pertinence de cette stratégie pour au moins 2 raisons :

  • Les modèles M1 et M2 sont des modèles spécifiques à Michelin, sans concurrence, alors que la concurrence ne propose que le modèle M3. Quel bénéfice à abandonner une pluralité de modèles de contrats pour se mettre «dans la roue» des concurrents ? Comment espérer regagner des parts de marché en abandonnant des modèles qui représentent 60 % du marché Michelin actuel au profit d’un modèle qui n’en représente que 40 % ? Les clients perdus seront-ils compensés par des clients gagnés ? Ne s’agit-il pas de réduire les coûts en acceptant une continuation de la perte de parts de marché ? Le contact humain au quotidien n’a-t-il plus de valeur ?

  • Ne s’agit-il pas d’optimisation locale en oubliant que les cartes grises perdues rouleront demain sur des pneus qui seront développés et produits par la concurrence ? Quel bénéfice pour le domaine du rechapage ?

Sur le plan humain, c’est un désastre. Il va être proposé à la totalité des ODF (120 personnes) dispersés sur l’ensemble du territoire français, d’abandonner leur mission entre 2021 (pour 40 d’entre eux) et 2023.

3 perspectives d’évolution vont leur être proposées, dans un contexte de « volontariat » très particulier puisque la totalité des postes sont supprimés :

  • un maintien dans SES dans le métier Auditeur de flotte (ADF) : évolution qualifiante, mais peu de places : 16 dont 7 en 2021 ;

  • un départ de Michelin et une embauche par Euromater ;

  • une mutation dans un site Michelin (évolution hypothétique pour des métiers très spécifiques). Il est attendu que 70 à 80 % des ODF actuels acceptent une mutation chez Euromaster.

Sur ce plan également, les élus ont exprimé leur désaccord : combien d’ODF vont être contraints de quitter l’entreprise qu’ils ont servie avec professionnalisme et dévouement pour rejoindre une entreprise dans laquelle leur savoir-faire devra se fondre dans un moule plus généraliste ? Combien d’entre eux resteront à terme après avoir « bénéficié » (les guillemets ont tout leur sens) des mesures du plan ? Quelle sera l’ampleur de la perte de savoir-faire reconnu par nos clients ?