Michelin national
Procédure de Droit d’alerte économique
Le 19 avril 2024, en réunion extraordinaire du CSEC, l’instance a remis une liste de questions à la direction dans le cadre d’une procédure de droit d’alerte économique concernant la situation des usines de Cholet, Joué-lès-Tours et Vannes.
Le CSEC constate que les historiques présentés en CSEC le 31 mai confirment bien ses inquiétudes, et démontrent la dégradation des niveaux de charge des usines ces dernières années et la situation critique dans laquelle elles se trouvent actuellement.
Les réponses fournies par l’entreprise restaient insuffisantes pour lever les inquiétudes quant à la pérennité des usines de Cholet, Joué-lès-Tours et Vannes, et qu’aucun élément n’avait permis de rassurer le CSEC quant à la continuité d’exploitation de ces sites.
Les conclusions principales du rapport demandés au cabinet SECAFI par le CSEC sont présentées ci-après.
Michelin est confronté à des pertes de volumes très fortes, structurelles et durables.
Les 3 usines concernées par l’étude, bien qu’opérant dans des activités différentes, sont confrontées à des pertes de volumes très fortes, structurelles et qui vont durer :
À horizon 5 ans, l’expert fait le constat que les perspectives sont inquiétantes et que les volumes perdus ne pourront être récupérés :
À défaut d’un retour des volumes, les usines doivent continuer à endiguer la hausse de leurs coûts.
Dès 2019, les 3 usines ont réagi et engagé des actions afin de limiter le décalage de leurs indicateurs et baisser les coûts :
• En premier lieu en réduisant fortement les effectifs, (Vannes et Cholet : - 28%. Joué-lès-Tours - 35%).
• Joué-lès-Tours doit continuer d’adapter son organisation pour s’adapter à la charge et à la demande de réactivité.
• En outre de nombreux chantiers sont conduits sur les coûts d’énergie, de sous-traitance, de fonctionnement…
Un autre modèle industriel à imaginer en Europe de l’Ouest ?
Des changements récents viennent bouleverser les économies et les marchés :
• Des facteurs économiques : inflations fortes dans les pays européens, marché intérieur de la Chine en difficulté.
• Des facteurs politiques : difficulté à faire émerger une politique européenne de soutien claire et efficace à l’Industrie.
• Des facteurs technologiques : modification des comportements d’achat, mondialisation grâce à internet, resserrement de la qualité de l’offre.
• Des facteurs stratégiques : les entreprises occidentales se replient vers des stratégies de la valeur au détriment des volumes.
L’outil industriel est contraint de s’adapter :
• Moins de volumes, plus petites tailles de série.
• Disponibilité du produit et réactivité de l’outil industriel deviennent essentielles pour répondre à la demande.
• Le schéma industriel avec des usines de + 100 000 T de capacité n’est plus la seule réponse en Europe de l’Ouest.
Un autre modèle industriel est peut-être à imaginer en Europe de l’Ouest, avec des usines de plus petite taille, plus souples, gérées différemment au sein du site et dans ses relations au central ?
Redonner de la visibilité et un cap aux salariés
Les changements violents avec des marchés chahutés, des pertes de volumes très fortes, structurelles et durables, ont conduit Michelin à un discours partagé entre vérité (sur la nécessaire adaptation de son outil industriel) et absence de promesse (ne rien annoncer qui ne pourrait être tenu).
Sur les 3 sites concernés par l’étude, il est constaté une grande mobilisation de l’ensemble des acteurs (direction, encadrement, représentants du personnel, salariés) pour faire face à la situation et aller dans le bon sens : réduire les coûts, défendre la compétitivité, rester dans la bonne direction.
Cependant, il a été entendu un certain sentiment d’abandon, d’isolement, de solitude exprimé par le personnel des sites.
En synthèse
Organisés en intersyndicale regroupant 3 des 4 organisations syndicales représentatives de Michelin en France, les élus du CSEC déplorent le manque de réponse de l’employeur.
• Vos élus demandent des explications claires sur les déclarations du Président du Groupe Michelin, M. Florent Ménégaux qui trouve « préoccupante » la situation des trois sites concernés par le droit d’alerte. « Une entreprise est un organisme vivant qui s’adapte constamment à son environnement, ce qui implique parfois des restructurations ». Peut-être, mais pas n’importe comment, et dans le respect des personnes.
• Des engagements quant au maintien du pouvoir d’achat de tous les salariés affectés par les baisses d’activité.
• Des engagements pour les salariés qui risquent de perdre leur emploi.
• Des réponses à comment vont être traités ceux qui vont rester.
L’entreprise le doit aux salariés de Michelin France qui ont démontré leur engagement et ont déjà beaucoup sacrifié. Ceci par Respect, En transparence et en Responsabilité.