Le concept d’un bureau pour une personne s’éloigne… irrémédiablement ?

La crise sanitaire Covid-19, les transformations de plus en plus rapides du monde du travail (notamment le distanciel subi ou organisé) montrent qu’aujourd’hui, il est possible de travailler de n’importe quel endroit, et l’image du bureau individuel évolue en conséquence.

Le nouvel accord de télétravail qui met l’équipe au cœur du dispositif avec une réflexion et une organisation de l’équipe, le mouvement d’environ 3600 personnes entre les sites CFE d’ici fin 2023, précipitent encore les choses.

L’entreprise nous propose donc une « nouvelle expérience de travail » : l’Active Office.

C’est une démarche qui vise à dynamiser le travail collaboratif par l’adaptation des espaces et des outils au travail en mode « hybride », opportunité déclarée de concilier à la fois le bien-être des salariés et la performance de l’Entreprise.

Opportunité aussi pour l’Entreprise de mener une politique de gestion de l’espace plus offensive et de diminuer les surfaces de bureaux.

L’augmentation des espaces dédiés au travail collaboratif, espaces de réunion ou de créativité suffira-t-il à compenser la diminution de l’espace individuel attribué aux salariés ?

Les équipes devront réfléchir à leurs modes de collaboration pour définir les organisations et environnements (présentiel et distanciel) nécessaires à la bonne réalisation de leurs missions, leurs usages, leurs besoins fonctionnels et techniques, leurs besoins et contraintes individuels…

Tous les mouvements de périmètre tertiaire CFE seront concernés et pourront définir :

• des espaces dédiés aux usages collaboratifs

• des espaces dédiés aux usages individuels

• un camp de base pour chaque équipe

• des équipements mobiliers et digitaux liés aux usages

• un maximum d’espaces mutualisables

• une assise assurée pour tous mais pas forcément nominative/attitrée

• des espaces personnalisés à l’équipe

• aucun bureau fermé attitré

Ces espaces devraient favoriser l’interaction, la collaboration, et permettre d’optimiser les tâches, non en fonction de la hiérarchie, mais des processus de travail. Finie donc l’attribution d’un lieu en fonction de l’organigramme qui envoie le message que l’aménagement est inégalitaire.

Mais attention, minimiser la prise en compte des risques humains, immobiliers, organisationnels, techniques, ne serait pas sans risque pour le bien-être des salariés.

En « open space », on avait déjà du mal à se concentrer parce qu’il y avait du bruit, et on avait aussi du mal à collaborer de peur de déranger ses voisins. En « flex office », on retrouvait ce problème, mais plus marqué encore, car en plus de tous les inconvénients de l’open space, on perdait son territoire individuel.

C’est pour ré-humaniser le bureau, en résolvant le problème de la territorialisation et de la sociabilisation que l’activity based-office a été développée.

Déjà en place dans quelques grandes entreprises françaises, ça pourrait être la bonne alternative, en se basant sur les usages des équipes, en plaçant l’individu au centre des projet d’aménagement des espaces. Il peut s’agir parfois de bureaux classiques, mais aussi de canapés et de poufs, ainsi que d’espaces réservés à la production, ou dédiés à la créativité. Certaines équipes, très nomades, ne reviennent dans les locaux que pour sociabiliser, et elles ont surtout besoin de ce fameux “camp de base”.

Réaménager l’espace autour de l’individu est un véritable projet de culture d’entreprise, et pour que cela fonctionne, les managers doivent accepter de déléguer et de faire confiance aux salariés. C’est une démarche qui n’est pas vraiment adaptée aux entreprises qui fonctionnent “à l’ancienne”, avec des managers qui décident et des salariés qui exécutent. Il s’agit d’une vraie remise en cause de la culture d’entreprise. Elle ne peut donc être mise en œuvre que si la modernisation ne concerne pas seulement les bureaux !

Est-ce que Michelin va mettre toutes les ressources nécessaires pour aller dans ce sens ?