La règle du Jeu Un combat Singulier Pluriel ?
Sandrine Binet
L’enfance nous ramène au jeu. Jouer avec ses camarades ou jouer avec un ballon, un skate, des crayons de couleurs, un personnage imaginaire…
Cela pourrait paraitre aérien, volatile, du jolidouxmignon, enfantin même ! Mais qui n’a jamais assisté au Moment Tragique face à un groupe de très jeunes joueurs : « c’est pas juste, t’as pas le droit de faire ça ! c’est pas du jeu ! ».
Les enfants nous ramènent à cette simplicité rudimentaire : il n’y a pas de jeu sans règles du jeu !
Le sport est un apprentissage de la règle ET du jeu. Un tissage de l’un à l’autre en point croisé qui consolide l’ouvrage pour éviter la sanction-déchirure de couverture.
Un mouvement d’opposés complémentaires qui trouve un jour ou l’autre un terrain d’entente.
L’apprentissage sportif demande de la patience toujours, de l’audace souvent et un objectif commun à définir ensemble. C’est toute une histoire !
Dans ce Spot, Morgane vous parle d’un sport populaire qui continue de ravir les grands enfants que nous sommes quand nous jouons : la pétanque. Merci Morgane pour le soleil !
J’évoquerai brièvement pour ma part un sport que l’on qualifie parfois d’individuel (pour le 1 vs 1), parfois de collectif (pour le 2 vs 2), se permettant aussi le croisement mixte que ce soit en matière de genre ou de nationalité : j’ai nommé le Tennis.
Ses origines
C’est vrai, le tennis n’est pas réputé pour être un sport populaire et accessible à tous. Rappelons que c’est une évolution du Jeu de Paume connu depuis le Moyen-Age. Il s’agissait de lancer une balle en cuir à la main contre un mur. La raquette fut inventée pour que le jeu soit moins pénible et douloureux pour les mains. De cette invention naquit le tennis qui allait conquérir la noblesse française !
Un rappel salutaire à ne pas négliger : le lancer à la main et le mur ont donné naissance dans l’interstice à la pelote basque et au squash moderne !
C’est en 1874 que le major Walter Clopton Wingfield fait breveter le Lawn*-Tennis à Londres : une boite prête à l’emploi avec 4 raquettes, un filet, des piquets et des bandes pour délimiter le terrain. En 1875, des règles sont rédigées et officialisées et en 1877 naît le tournoi de Wimbledon qui fait aujourd’hui partie des 4 tournois du Grand Chelem.
Le terrain, ça compte énormément
Au-delà de se dérouler à Melbourne, à New York, à Paris ou à Londres, les 4 tournois du Grand Chelem ne se jouent pas sur le même « terrain ». Le gazon de Wimbledon a longtemps été caractéristique d’un jeu offensif qui lui est propre : le rebond étant plus bas sur cette surface, les joueurs les plus à l’aise seront ceux qui s’adaptent le mieux à la vitesse sur le sol. Mais tout change, même le
« so british » Wimbledon ! En 2001 les organisateurs décident de changer le gazon pour le rendre plus résistant ; cela a pour conséquence de ralentir la surface et de créer des rebonds plus importants. Les « attaquants » voient leur domination menacée.
Dans un tout autre style, il y a la terre battue de Roland-Garros. Des rebonds très hauts et liftés, la maitrise du freinage-glissade sur la surface orangée et les longs échanges stratégiques et rythmés qui en tant que spectateur nous tiennent en haleine. La légende parisienne raconte que la terre battue est celle des fins stratèges !
Règle vs Jeu
Les règles du jeu ont mauvaise presse par les temps qui courent. La rumeur persiste à dire qu’il y en a trop. Et le lendemain la rumeur-jumelle trouve qu’il n’y en a pas assez. Que c’est intolérable ! Que c’était mieux avant ou que ce sera mieux après.
Par les temps qui courent, nous nous émouvons si vite que finissent par se confondre la règle et le jeu, le cadre et la surface, l’altérité et l’adversité. Comme un accélérateur de particules qui voudrait révéler ce qu’il y a d’élémentaire en nous. De Singulier. Nous qui, au fond, sommes si plurielS.
*gazon