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La Coopé, toute une histoire !

Cindy Brun

La Coopé’, comme on dit par ici, c’est LA salle de concert emblématique des clermontois ! Son emplacement, son nom, sa programmation… rien n’a été choisi au hasard ! Vous voulez en savoir plus ? Suivez-nous !

Une place en forme de trait d’union

La Coopérative de Mai est située place du 1er Mai à Clermont-Ferrand, au croisement de la rue du Clos-Four et de la rue Serge-Gainsbourg (inaugurée en 2003, c’est la première en France à porter ce nom ; tout un symbole !)

Pendant longtemps, des siècles en fait, à la place du 1er Mai, il n’y avait rien, que des champs à perte de vue. Sauf qu’en 1630, l’édit de Troyes, pour des raisons administratives et stratégiques, impose l’unification de Clermont et Montferrand, ces deux villes voisines mais historiquement rivales. Il exige explicitement que toute nouvelle construction se fasse dans cette zone pour enfin relier géographiquement les deux villes. Mais faute de bonne volonté, personne ne s’y installe. D’ailleurs, les Montferrandais récalcitrants ont demandé leur indépendance en 1789, 1848 et 1863. Et aujourd’hui encore, au Stade on chante « Ici, ici, c’est Montferrand ». Adjacente à la place, la rue Entre-les-2-Villes est un « souvenir » de cette histoire.

Sur cette place, il n’y avait pas grand-chose, donc… Jusqu’à ce que Michelin, à la fin du 19e siècle, installe son usine dans le quartier et investisse totalement cette zone « d’entre-deux ». Elle ne sera d’ailleurs nommée qu’en 1967 ; la municipalité socialiste de Gabriel Montpied choisira 1er Mai comme un clin d’œil !

Avant la Coopé, la SOCAP

Il y a des chances que les plus anciens clermontois s’en souviennent ; avant la Coopé’, se trouvait la SOCAP Michelin, un magasin coopératif ouvert en 1910 pour les salariés Michelin. Pour les non salariés (parce que oui, il y en a à Clermont !) qui voulaient en profiter, il faudra attendre les années 60. Plaisir de courte durée, puisque dans les années 90, la municipalité rachète la SOCAP pour bâtir d’abord un grand centre culturel, Polydome, et une grande salle de concert au nom en clin d’œil appuyé à son histoire : la Coopérative de Mai.

Le pari de la Coopé !

La Coopérative de Mai sera inaugurée le 7 mars 2000 avec les Rita Mitsouko ! Labélisée scène de musiques actuelles par le Ministère de la Culture, elle est dirigée par l’association Pop’Art, délégataire pour la Ville de Clermont-Ferrand pour la gestion du lieu, dans le cadre d’une délégation de service public. Elle comprend une grande salle (de 850 places assises à 1 500 places debout), une petite salle (« La Petite Coopé ») de 460 places debout, un bar, six loges pour les artistes, des bureaux administratifs qui accueillent une équipe de 21 permanents, ainsi que le restaurant géré par l’association Six-Trois.

Aujourd’hui, avec près de 130 concerts et plus de 75 000 spectateurs annuels, la Coopérative de Mai conforte ainsi un choix de programmation basé sur la diversité, l’ouverture et l’originalité, en direction de tous les publics.

Et depuis 2006, elle organise chaque année le festival Europavox ; grand rassemblement festif et musical qui accueille place du 1er Mai plus de 50 concerts d’artistes d’une vingtaine de nationalités !

Il s’en est fallu de peu…

En 1970, le CE Michelin se positionne comme un acteur de poids avec la création d’une bibliothèque, prolongée par deux bibliobus, à l’heure où la ville ne s’est pas encore saisie des politiques de lecture « publique ». Pourtant dès 1984 l’idée de quitter les locaux de la rue Delarbre trop exigus pour faire face au développement des activités, à l’accueil du public est envisagé par le CE sans qu’une solution ne soit trouvée. Les tentatives de partenariats initiés en direction des établissements scolaires ne trouvent pas d’issue favorable.

À partir de 1992 des discussions sont à nouveau engagées avec la Mairie pour un investissement mutualisé en faveur de la lecture publique. Il s’agissait pour la ville de renforcer sa politique en la matière sans avoir à en supporter seule l’investissement. Pour le CE, il y avait là l’opportunité de répondre à son besoin de locaux plus adaptés avec un engagement en matière de politique publique qui permettrait de bénéficier de fonds publics.

En 1995 la SOCAP devient propriété de la Mairie, et l’idée est d’en faire un palais des congrès et d’y construire également la bibliothèque du CE ainsi que les bureaux. Le symbole est de taille ! Les correspondances, les réunions s’intensifient. Les chiffres sont posés, des esquisses dessinées. Le projet est soutenu par le maire d’alors, Roger Quillot. Pourtant l’ampleur du projet semble finir par faire peur, et les élus du CE préfèrent se retirer à la fin de l ‘année 1996. Il faudra plus de 10 ans pour trouver une alternative à la rue Delarbre, avec le rachat d’une grande surface de bricolage rue Jacques Magnier. Le montage est plus simple, mais le symbole n’est plus là !

Soyons sans regret, le retrait du CE permettra la création de la Coopérative de Mai.

Spot Magazine no 31En avant la musique

Auteur·e·s :
Caroline Mitlas, Odile Duplessy, Cindy Brun, Morgane Ranzini, Lucie Jolivel, Sandrine Binet, Michel DESORMIÈRE